Première publication : 26 novembre 2011.
Par Amenintch Nôrmal, ancien Directeur de musée
Pendant que ces messieurs goguenards marchent au pas de l’oie dans la capitale, le pays se vide et s’épluche. D’aucuns prétendront qu’il reste encore des habitants dans la mère-patrie. Oui, il en reste encore, mais moins qu’avant. A l’intérieur, le nombre d’emplois vacants est si bas qu’ils vont s’exiler en Russie, en Europe et en Amérique, à la recherche d’une vie qu’on leur refuse au pays.
Ne sommes-nous donc qu’une bourgade flamande ou qu’un canton suisse? Lors de mes voyages d’affaires, dans chaque avion quittant Erevan, je rencontre une demoiselle qui me dit, avec son sourire narquois : « Je suis prête à tout pour réussir ma carrière, même à quitter mon pays, nôrmal, et ceux qui s’y opposent ne savent pas de quoi ils parlent! » « Allez vivre à notre place », diront-elles aux rescapés de la diaspora. Je vois mal un député, un maire ou n’importe quel oligarque millionnaire d’Arménie orientale dire à un quelconque élément de la diaspora : « Allez vivre à notre place! » Ils te diront plutôt : « Aide-nous à garder notre place! » ou encore : « Ne nous aide pas, reste à ta place! »
L’oligarchie est la racine du mal. Le cumul du chômage et du comportement odieux des puissants et de l’administration ferait même fuir un troupeau d’éléphants. Moi qui me suis frotté à tous les métiers, états et situations, je sais une chose : la prochaine farce électorale fera déborder la coupe…et les urnes. Dans un sursaut populaire, tout sera chamboulé, bringuebalé, revu et corrigé prestissimo, et un jour, dans ce pays, ce sont les oligarques qui prendront la fuite, c’est-à-dire même pas soixante personnes. Cessant d’être protégés, les petits apparatchiks et « administratôrs » deviendront des anges.
Ndlr : un article prémonitoire, Amenintch Nôrmal!