Première parution : 14 octobre 2011.
Pendant que le 15 septembre 2011, au Musée Rodin, quelques douzaines de célébrités françaises se gavaient de caviar en compagnie de représentants du clan Aliyev et vantaient les mérites de la tuyauterie culturelle de l’Azerbaïdjan, la France, l’Azerbaïdjan et leurs nombreux amis négociaient le transit du gaz de Bakou vers la France.
Le groupe Total, qui faisait bonne chère au dîner du Musée Rodin, est présent à Bakou depuis 1996 et considère que l’Azerbaïdjan joue un rôle clé dans le “corridor sud”, qui est censé fournir en gaz une Europe soucieuse de son indépendance énergétique. Total détient 10 % du South Caucasus Pipeline Company (SCPC) possédant le gazoduc qui achemine le gaz produit sur le site de Shah Deniz vers les marchés turc et géorgien, et 5 % de l’oléoduc BTC (Bakou-Tbilissi-Ceyhan) reliant Bakou à la mer Méditerranée.
Le 7 octobre 2011, une statue de Rodin figurant Jules Bastien-Lepage, peintre naturaliste amoureux de la vie rurale (sic!), a fait escale à Erevan en compagnie du Président Sarkozy. Cette opération de communication semble avoir engourdi les sens d’une République d’Arménie Orientale consentante, pendant que le gros de la cavalerie diplomatique française poursuivait avec ferveur les faveurs d’un Azerbaïdjan belliqueux.
La République d’Arménie Orientale, passage obligé (?) d’une finance ouvertement pro-turque, se serait-elle offerte La Porte de l’Enfer de Rodin ? Et pour quelques grains de caviars, la France et l’Europe, en gobe-mouches, n’ont rien de mieux à faire que de jouer les niquedouilles pour siphonner le gaz de l’Azerbaïdjan. Cette diplomatie secrète, apparue au large de Bakou, pourrait permettre au clan Aliyev et à l’Azerbaïdjan, Jeune femme au chapeau fleuri, de se placer sous les auspices d’une Europe à l’appétit vorace.
Huit jours après la fête de l’Azerbaïdjan au Musée Rodin, son ancien directeur, Jacques Vilain, décédait. Serait-ce un sombre présage quant à l’avenir des réseaux panturquistes?