The Strange Case of Dr Reza and Mr Baku and Other Tales of Terror

Première publication : 25 août 2011.

Humaniste, libre penseur, défenseur de la tolérance et de la diversité, ambassadeur de la paix, Reza Deghati est un photojournaliste engagé, bien connu dans la presse internationale. Après avoir quitté l’Iran en 1981, où il fut poursuivi par la police politique pour ses activités de journalisme et de photographe et pour son opposition au régime du Shah, il entreprend une série de voyages au Rwanda, au Cambodge, en Afghanistan, en Turquie, en Azerbaïdjan, au Kurdistan et dans le Xinjiang chinois, entre autres, où il vient témoigner à travers ses photographies de la misère humaine, mais également de l’Histoire.

Ainsi, il déplore la “guerre providentielle entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan” (Commentaire de la photographie “Azerbaïdjan, Bakou. Site pétrolier de Sangaçal, 1997”). Ailleurs, il témoigne que “Rares furent les survivants du massacre des habitants de Khojali par les troupes arméniennes. Ils se présentaient devant la morgue de la ville d’Aghdam, à la recherche d’un membre de leur famille disparu. Chaque jour, ils erraient parmi des dizaines et des dizaines de corps enroulés dans des plastiques blancs. Lentement, attentivement, ils scrutaient chaque visage, l’un après l’autre, découvrant les horreurs subies par les victimes des soldats arméniens. Elle venait de trouver son fils et son mari, dont les yeux avaient été arrachés alors qu’ils étaient encore vivants, selon le médecin qui la suivait dans sa quête. J’entends encore l’insupportable supplice du deuil dans son hurlement.” (Commentaire de la photographie “Azerbaïdjan, Aghdam, avril 1992”).

Ce genre de narration méthodique, jouant sur la méconnaissance du conflit entre l’Azerbaïdjan et sa minorité arménienne (cela ne nous rappelle-t-il pas la Turquie?), a été étalée durant quatre mois en 2010 à Paris sur les murs de la station RER B de la gare de Luxembourg, avec le concours de la RATP et du National Geographic.

Aux antipodes d’un Eynulla Fatullayev (journaliste emprisonné en Azerbaïdjan) ou d’un Ayaz Mutallibov (premier Président de l’Azerbaïdjan et bête noire du clan Aliyev), Reza ne pourra jamais admettre que les Arméniens avaient ouvert un corridor aux réfugiés azéris de Khodjali, et que les forces du Front Populaire de l’Azerbaïdjan avaient massacré ces civils pour discréditer Mutallibov. Reza préférera la version officielle de Bakou, qui impute toutes les fautes aux Arméniens, dont le seul tort était de ne pas daigner vouloir subir un deuxième génocide, le premier ayant été commis par les Turcs, les Kurdes et les Tatars azéris, entre 1915 et 1923.

Rappelons qu’après la violente intervention militaire soviétique du 20 janvier 1990 à Bakou, dont le prétexte était les massacres d’Arméniens organisés par les Azéris à Bakou du 13 au 20 janvier 1990, Reza se rendit sur place, le 24 janvier 1990, mais restait méfiant. “Les réfugiés arméniens étaient récemment arrivés, fuyant l’Azerbaïdjan, pour dire aux médias internationaux leur version sur la sauvagerie des Azerbaïdjanais”, dit-il à ce propos dans son carnet de voyage.

Que se cache-t-il derrière le langage fleuri de ce photographe reporter fort d’une expérience de 30 années de périples planétaires? Un enjôleur, un dissimulateur qui a été à l’école de la Diplomatie culturelle turque? Un adepte de l’école des artifices et des supercheries de l’écrivailleur Pierre Loti (célèbre défenseur patenté de ses amis “les vers rongeurs” Arméniens) dont il emprunte le style littéraire, la sirupeuse logorrhée métaphorique criblée de coups de bec à l’encontre des Arméniens? Un loup voulant se faire passer pour un agneau? Pourquoi le Dr Reza se transforme-t-il si souvent en Mr Baku?

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