Première publication : 26 juin 2012.
Qui se rappelle de la Convention sur l’avenir de l’Europe et des Conventionnels réunis en grand conclave ? Le souvenir de leurs travaux de dix-sept mois, qui prirent fin en 2003 sur un roulement de tambour technocratique, soulève encore une vive émotion dans les foyers européens. Un souvenir qu’on n’est pas prêt d’oublier! Ne nous moquons pas des Conventionnels. Ne sont-ils pas les dignes héritiers des pères fondateurs de l’Europe qui surent traduire le droit romain en droit européen nouveau, à la seule gloire du libéralisme transnational? Les Conventionnels voulurent percer et vider l’abcès de l’attachement maladif des États européens à leur sacro-sainte souveraineté nationale, et créer enfin un Etat européen fédéral muni d’un gouvernement unique. Leur projet de traité instituant une Constitution pour l’Europe fut donc présenté le 20 juin 2003 au Conseil européen de Thessalonique, en Grèce… L’erreur n’est pas seulement humaine, elle est grecque aussi. Si celle-ci n’avait pas commis la bévue d’accueillir sur son sol une discussion sur le projet de Constitution européenne, elle n’aurait pas été la cible des « stress tests », puis des agences de notation, enfin des « eurobonds » et des visites inopportunes d’Angela Merkel… Après s’être décollé la rétine en absorbant pas loin de 1500 pages de latinisme sous la plume experte des Conventionnels, le gouvernement grec ambitionne de ressusciter le projet des Conventionnels… Dans l’espoir naïf que cela suffira à calmer les esprits… Pure folie! Il lui faudra maintenant accepter de recevoir quotidiennement plusieurs centaines de Conventionnels à ses frais, pour la plupart durs d’oreille et de cœur, mais dont l’appétit gargantuesque fera sensation sur les tables d’Athènes…