Première publication : 6 mars 2012.
Par Amenintch Nôrmal
Quelle volée dans la hure ! Un vrai massacre constitutionnel que votre histoire de loi invalidée ! Ah les filous, c’est qu’ils avaient le sourire aux lèvres ! Et pas la moindre excuse ! C’est « disproportionné », dirent-ils. D’Erevan où je suis, moi, je peux vous dire au contraire, qu’ils se serrent les fez… Voici pourquoi. Quand la nouvelle est arrivée à Erevan, les nôtres, tout bredouilles, ont senti comme une exhalaison méphitique les envahir, nôrmal. Les autorités nous ont aussitôt distribué des masques à gaz. Sauvés ! Après ce coup, pas un gars de chez nous n’osera d’ailleurs déposer de fleurs devant l’ambassade de France ni appeler son rejeton du nom d’un président étranger. Tous se souviennent comment le nouveau-né de Gyumri prénommé Sarkozy a fini. Ses parents, fous furieux, l’ont abandonné à l’orphelinat. On s’est, enfin, tous ressaisis. Revenons à Paris. Vos adversaires disent que les Arméniens n’ont pas eu leur Tribunal de Nuremberg, qu’aucun jugement n’a jamais été rendu à ce sujet, que la discussion est ouverte… Qu’est-ce que c’est que cette cochonnerie encore ! Ils ont des arguments vicieux ces gens-là. Avez-vous à Paris aussi besoin de masques à gaz ? Il faudrait étudier encore tout ça, disent-ils, il faudrait travailler plus pour mériter plus… Arméniens, nous devrions lever le verre un jour avec les Turcs négationnistes amendés, et nous réconcilier petit à petit ? Mais que diable ! Ils vous font la guerre, ces puristes qui ont censuré la loi ! A vrai dire, ces « Sages », le sourire jaune aux lèvres, n’y croient pas trop eux-mêmes. Ils ont fichtrement peur de mettre le doigt dans l’engrenage. Voilà, moi, Amenintch Nôrmal, ce que je pense d’Erevan. Ils ont peur que la boule de neige, de sang et d’encre n’enfle en dévalant la pente, qu’une monstrueuse chaine de conséquences ne s’amorce. Qui dit génocide, dit sanction et réparation. Bref, mille fois le PIB américain ! Une vérité d’airain, une menace apocalyptique et biblique pour les investissements, les capitaux, les accords stratégiques, une épouvantable calamité, pour les partenaires du Pays des fez de jadis ! Ils sont tous assis sur les braises arméniennes pour les siècles à venir, et cela commence à sentir le roussi.