Première publication : 18 mars 2012.
Dans son célèbre autoportrait en saint Paul (1661), le hollandais Rembrandt Harmenszoon van Rijn s’est peint sous les traits de l’apôtre. Saint Paul fut un sujet de prédilection pour Rembrandt. Dans son œuvre Saint Paul en prison (1627), l’apôtre est représenté assis sur un lit, son visage méditatif éclairé par la lumière du jour parvenant à franchir la fenêtre grillagée d’une prison. A la droite de saint Paul, dans l’ombre, adossée au lit, se trouve une épée. L’épée de saint Paul pourfendra-t-elle le double langage du soft power turc, qui cherche à flatter son prochain pour mieux l’étouffer ? Si les contemporains de Rembrandt – pas les actuels prisonniers politiques d’Ankara qui se comptent par milliers – sont en 2012 les faire-valoir d’une exposition stambouliote où « l’obscurité rencontre la lumière », on peut se demander avec quelle lumière ils comptent éclairer leur peuple après un siècle d’obscurantisme et de nettoyage ethnique. L’Épître aux Éphésiens nous dit : « Revêtez l’armure de Dieu, pour pouvoir résister aux manœuvres du diable. Car ce n’est pas contre des adversaires de sang et de chair que nous avons à lutter, mais contre les Principautés, contre les Puissances, contre les Régisseurs de ce monde de ténèbres, contre les esprits du mal qui habitent les espaces célestes. » Quand Éphèse reviendra-t-elle à la Grèce, berceau de notre civilisation que Bruxelles et Washington veulent étrangler pour exhausser les vœux d’Ankara ?