La Turquie fait face à son histoire en lui tournant le dos, d’après Miss Reedelax

Miss Reedelax

Première publication : 11 février 2014.

Reedelax Planetary Travels, meilleure émission de la BBC spécialisée dans le monde animal, présentée par Miss Reedelax.

Miss Reedelax, qui porte un short, une chemise à manches courtes ainsi que des chaussures de trekking, dont les cheveux sont en grand désordre, se tourne vers la caméra et dit d’une voix rapide:

– Happy Birthday les amis! Pour notre millième émission, je vais me jeter dans le rue obscure de le Commission de l’histoire sur le génocide des Arméniens, en Turquie.

Elle entre dans un building mal éclairé, puis s’adresse à un vigile:

– Bonjour Monsieur, je suis Miss Reedelax, de « Reedelax Planetary Travels ». Je cherche les femmes et hommes qui jouissent de beaucoup de considération jusqu’à l’infini.

Elle regarde la caméra.

– Suivez-moi. Nous entrons dans une merveilleuse endroit, rempli de Tarihçi, historiens tarés de diplômes, femmes et hommes, à égalité, tous menteurs professionnels.

Elle entre dans une grande salle où une vingtaine de personnes âgées de 30 à 80 ans consultent de précieux ouvrages. Miss Reedelax montre du doigt un historien.

– Eh bien! n’est-ce pas le Doktor Çepel, Ph.D, B.A., M.A., B.S., diplômé de Harvard, Cambridge, Yale et la Sorbonne. Il parle une quinzaine de langues, est végétarien, fait ses courses chez Brookings ; ce scélérat doit deux milliards d’euros aux Arméniens.

A l’historien:

– Avec le pain que tu reçois as-tu acheté quelque bonne chose à manger?

– Comment?

Parlant plus fort.

– J’ai dit: avec le pain que tu reçois as-tu acheté quelque bonne chose à manger?

– Ils m’ont placé dans la Commission suleyman pour quelques instants. Nous avons ouvert toutes nos archives nationales au public. Nous invitons les historiens étrangers à venir les consulter à Ankara.

– On s’en fiche. As-tu acheté quelque bonne chose à manger?

Miss Reedelax s’adressant au public, et désignant un plat d’aubergines à la viande.

– Mes amis, il n’entend rien, mais ce qui est sûr, c’est qu’il mange avec avidité et par grandes bouchées.

Miss Reedelax parcourt la salle de son regard intense et pénétrant. Elle aperçoit alors une historienne.

– Regardez par ici, c’est le Doktor Ezgin, Ph.D, B.A., M.A., B.S., diplômée de Kent, du MIT, de LSE, et d’Oxford. Elle parle une quinzaine de langues, est carnivore, fait ses courses chez Chatham ; cette gredine doit un milliard d’euros aux Arméniens.

A l’historienne:

– Quand tu partiras, ils te farciront de médailles et tu jetteras de la fumée?

– Pardon?

Plus fort.

– Je disais : quand tu partiras, ils te farciront de médailles et tu jetteras de la fumée?

– Naturellement. C’était la pluie ce jour-là. Toutes nos archives nationales sont maintenant ouvertes au public. Nous invitons les étrangers de l’Histoire à venir les consulter à Ankara.

– Vos archives nationales, je m’en fous comme d’une guigne. Je te parle de tes médailles, t’es sourdingue?

Miss Reedelax se tourne vers la caméra.

– Ce que les animaux carnassiers ravissent pour leur nourriture, c’est extraordinaire.

Elle sursaute car elle a aperçu un autre historien, et pas des moindres.

– Oh my God! Le Doktor Çirkef, tout au fond de la salle, et son cloaque d’impureté, couvert de souillure morale, il doit cinq milliards de dollars aux Arméniens cet infect.

Parlant tout bas, jetant un regard complice à la caméra.

– Approchons-nous silencieusement mes amis ; il est très farouche celui-là.

Elle s’approche à pas feutrés du Doktor Çirkef.

– Bonjour mon petit Doktor, je vois que c’est dans les eaux souillées et impures du Bosphore qu’on fabrique les êtres les plus insensés.

– Plaît-il?

– Je disais: c’est dans les eaux souillées et impures du Bosphore qu’on fabrique les êtres les plus insensés!

– Excusez-moi?

– Mais tu as quoi dans ton oreille? Je vais pas me mettre à te parler lourdement?

– Hélas! les historiens turcs sont des sourds congénitaux. Nous n’entendons rien, et comme nous n’entendons rien, nous ne disons rien non plus d’intéressant.

Miss Reedelax effleure son menton des doigts de sa main droite, écarquillant les yeux et prenant un air interrogatif. Puis elle frappe le sol de ses pieds, si fortement, qu’une nappe grise de poussière tombe d’un lustre suspendu au plafond.

– Mes petits amis, je me représente quelque chose dans l’esprit, il y a tout autour de moi un Associate Fellow, un Senior Research Officer et un Expert, et un dizaine d’autres, tous sourds comme de Poe.

Aux historiens, d’une voix tonitruante:

– Bande de malentendants, au moins je puis vous dire ceci: si vous êtes aveugles, c’est que vous le voulez bien! Je vais me faire un devoir de vous rendre service.

Elle leur donne de puissants coups de pied dans la lune, si fort que les membres de la Commission d’histoire sur le génocide des Arméniens, gémissant, pleurant, se mettent à marcher à quatre pattes et à reculons, récitent des formules académiques et soufflent sur le sol.

– Il faut que nous vivions comme des frères, marmonne un historien, car nous sommes les enfants d’une même patrie!

– La pomme pourrie qui est arrivée après, dit une autre, et la racine des arbres putréfiés n’ont pas tout à fait la même légitimité.

Miss Reedelax se tourne vers la caméra.

– La vérité ne sort jamais du bouche des historiens turcs. Nous sommes tous les enfants de l’Arménie!

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