Première publication : 9 décembre 2013.
Par Gogoglu, ministre turc des Affaires européennes
Tandis que je tourne d’un geste répétitif la manivelle du panturquisme, tu me répètes, cher Portfolio, qu’Europe et Turquie se sont promis de procéder à une intégration réciproque. Je n’ai cessé d’entendre cette rengaine, et pourtant je n’ai pas aperçu une once de terre européenne dans la vase de notre détroit du Bosphore. Sur ce côté-ci du Bosphore, depuis la fondation grippe-sou de notre cher pays, massacreurs, révisionnistes, intégrationnistes, fondamentalistes, spoliateurs, prospèrent sans être inquiétés le moins du monde. Et le panerdoganisme, ce pangülenisme ouvert, se doit de jouer les modernisateurs. Ce nouveau credo doit appeler l’oumma planétaire à se fédérer autour d’une démocratie soi-disant pluraliste bâtie sur un génocide tout bénéfice. A l’argent des victimes du génocide des Arméniens ! buvons… Le capital que nous avons spolié, poursuit Gogoglu efendi, a fructifié et fait croître notre bourgeoisie. Cet argent que nous avons volé aux Arméniens n’a-t-il pas fait de chacun de nous un Madoff pacha ? Toute la chaine de prospérité qui s’en est suivie porte un nom : le Ponzi du Bosphore.