Le Premier ministre d’Arménie, qui s’est illustré, depuis la guerre des 44 jours, par un goût très prononcé pour les concessions, dont la dernière en date est un projet de corridor azéro-turc passant par le territoire arménien, a reçu, à son grand étonnement, une ovation de « l’opposition », mot qui en Arménie désigne les 17 partis « russes » n’ayant jamais dévié d’un mètre, ni même d’un millimètre, des directives du Kremlin.
Comment expliquer un tel revirement chez ces « opposants » qui réclamaient au lendemain de la guerre de 2020 la démission du Premier ministre et la formation d’un gouvernement transitoire d’union nationale ? Rappelons qu’à l’époque, c’était eux qui avaient « démissionné » de ce front uni appelant à la démission du Premier ministre…
Le leader suprême Nikolevon, revenant de sa surprise, a répondu :
« Voilà quelque chose de nouveau ! Vous, le Bloc des Infiltrés, Dram Unem, la Pomponnette, Im Por, Nôrmal Prestige, Konkret Mekhanism, je me souviens très bien que vous vouliez me conduire à l’échafaud en 2020 ! Ce grand revirement des forces du précédent régime à mon égard me semble suspect. »
Les opposants, avec bonhomie, lui ont répliqué :
« Quelle ironie du sort, pour un révolutionnaire de pacotille qui voulait tous nous jeter en prison ! Avec le corridor turco-azéri passant par l’Arménie, vous allez faire fructifier nos affaires. Votre slogan « Enrichissez-vous et enrichissez les autres » prend ici tout son sens. C’est cela, enrichissez-vous et enrichissez-nous, Monsieur le Premier ministre ! »
« Quel pain béni, en effet, ce corridor, qui passe par le territoire arménien ! Avec la corruption, nous aurons du grain à moudre pour les cent prochaines années ! » a rétorqué Nikolevon avec un sourire narquois.
En Arménie, il n’y a pas de vision politique, il n’y a que des drams*.
* Monnaie de l’Arménie