Le vertueux Shefu: de l’inutilité du Mont Ararat pour l’Arche de Noé

Le vertueux Shefu, textes d'Alexandre Kebabdjian

Première publication : 25 juin 2011.

Par le vertueux Shefu (notre correspondant de Tsingtao, Chine)

Si la descente des animaux de l’Arche, après le retrait des eaux du Déluge, eut bien lieu en Arménie, et que l’Arménie fut bien le Paradis sur Terre, alors la vente, le 23 juin 2011, chez Sotheby’s Paris, de L’Arche de Noé sur le mont Ararat (Simon de Myle, 1570), à 1.095.150 euros, nous ramène à la question de la représentation du symbole biblico-géographique, le Mont Ararat, dans les œuvres artistiques mais aussi dans les cartes géographiques occidentales. Les voyageurs et cartographes, autrefois, inscrivaient le nom Arménie près du nom Ararat. C’était la plus monumentale des vérités que les deux toponymes se côtoyaient, et qu’ils s’appréciaient mutuellement, car de longs millénaires avaient été témoins de leur amitié scellée par le destin.

Lorsque vint le temps des Turcs, vint le temps des concessions arméniennes. A l’ennemi principal s’ajouta l’ennemi secondaire occidental, riche en géographes et spécialistes du gommage intempestif du nom Arménie. Les cartes brisèrent l’amitié entre le Mont Ararat et l’Arménie. On joua sur l’ambiguïté et le caractère incertain des lieux de civilisation.

Rappelons simplement que L’Arche de Noé s’ouvrit, que les animaux descendirent en couple, afin d’assurer leur reproduction sur Terre. Seul un intrus sortit de l’Arche, et ne pouvant se reproduire naturellement, décida de changer les cartes.

Ainsi, dans le tableau de Simon de Myle, ni l’auteur, ni le lieu décrit, ne devraient avoir d’importance. Peu importe que le débarquement d’animaux après le Déluge n’ait pas eu lieu en 1570, ou que le Mont Ararat se trouve en un lieu imaginaire invisible au commun des mortels, excepté des Arméniens, gardiens de la montagne sacrée, séparés de cette élévation biblique par un baptême usurpé. Le cheminement du corbeau vers la lumière n’est rien comparé au vol de la colombe, qui reconnaît mieux le ciel et la terre, et a tout le temps de partir à la reconquête de son rêve. C’est ce que nous, Chinois, avons compris depuis longtemps, et c’est pourquoi notre pays est si grand et notre peuple si nombreux.

Suivant les recommandations de l’Unesco, le lieu dépeint dans le tableau du flamand Simon de Myle aurait dû être supprimé. Ainsi, l’acheteur, le connaisseur ou le simple curieux auraient lu sur le tableau : 1570

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